Le design actif dans la tête de ceux qui dessinent le mouvement

Le design actif est partout, souvent sans que l’on en prenne conscience. Il ne se limite pas à une tendance ou à un style : c’est une manière de penser l’espace pour qu’il engage le corps, stimule le mouvement, invite à l’action. Chez Ludoparc, cette philosophie irrigue depuis plusieurs années la conception de nos aires de sport. Mais que raconte réellement le design actif quand il est manié par celles et ceux qui dessinent les espaces de demain ? Que souhaitent transmettre nos concepteurs et conceptrices à travers un terrain multisports, une aire de fitness ou un terrain de basket ?

Pour comprendre ce que le design actif met réellement en jeu, il faut entrer dans l’atelier mental de celles et ceux qui le dessinent. Là où les gestes naissent d’une intuition graphique, d’un ressenti corporel, d’une lecture fine du terrain. Là où chaque détail est pensé pour susciter l’envie de bouger, sans l’imposer.
Chez nos concepteurs et conceptrices, la technique côtoie l’empathie, la créativité dialogue avec l’usage. Leur objectif : imaginer des espaces qui parlent au corps avant même de parler au cerveau. Des terrains accessibles, stimulants, instinctifs.

Le regard du concepteur : transformer l'espace en mouvement

Du croquis au terrain : où commence le design actif ?

Le point de départ d’une aire de sport n’est jamais une forme ou un catalogue. C’est une intention. Un concepteur Ludoparc ne cherche pas à remplir un espace, mais à le rendre actif, à provoquer une dynamique physique. Dès les premières esquisses, il ou elle se pose une question centrale : « Comment cet espace va-t-il inviter le mouvement, sans l’imposer ? »

L’observation des usages, des flux de circulation, des réactions corporelles face à une pente, à un changement de matériau ou à une structure ouverte fait partie intégrante du travail. Le design actif commence souvent par un non-dit : ce petit décalage qui crée la curiosité, le test, l’exploration spontanée. Un accès en biais, une ligne de sol cintrée, un banc qui devient un obstacle ludique : tout est pensé pour générer de l’engagement corporel.

Créer des "scénarios de mouvement"

Plutôt que de raisonner en produits, nos concepteurs et conceptrices Ludoparc raisonnent en scènes de vie. Un terrain de sport est imaginé comme un scénario ouvert : un groupe d’adolescents qui improvise un match, une mère et sa fille qui testent une machine de fitness, un senior qui fait des mouvements d’étirement en observant l’activité alentour. Chaque espace est ainsi dessiné pour que plusieurs niveaux d’engagement coexistent. Il ne s’agit pas de diriger, mais d’ouvrir des possibles, de permettre. Ce que le design actif raconte ici, c’est la liberté de pratiquer selon son envie, son rythme, son moment.

Deux espaces sportifs, deux visions du design actif : paroles de concepteurs

Mélodie : “Créer un ancrage symbolique et sensoriel avec le territoire”

Pour mieux comprendre comment se traduit concrètement le design actif dans nos projets, nous avons demandé à deux membres de notre équipe de nous partager leur approche. Mélodie et Théo, conceptrice et concepteur chez Ludoparc, livrent ici leurs intentions, leurs partis pris, et la façon dont ils traduisent le mouvement par le dessin.

Sur son dernier projet, Mélodie a conçu un terrain de basket bleu dont le design graphique puise dans l’identité visuelle de la ville concernée. Un bleu profond qui évoque l’environnement local, accompagné d’un motif au sol inspiré de l’emblème municipal. Pour elle, l’enjeu était clair : “Je voulais que les habitants se sentent chez eux, que ce terrain soit une extension naturelle de leur espace quotidien. En reprenant les couleurs et le symbole de la ville, j’ancre le terrain dans une familiarité sensible autant pour la collectivité que pour ses habitants. Le design actif, ce n’est pas juste faire bouger les corps, c’est aussi mobiliser une mémoire collective, une fierté locale.”

Le tracé au sol, pensé comme un motif fluide et évolutif, agit à la fois comme repère visuel, outil ludique et déclencheur de mouvement. Mélodie a joué avec la polysémie des formes pour que chacun puisse se projeter différemment selon son âge, son humeur ou sa culture du jeu :

 “J’ai travaillé sur des lignes qui permettent plusieurs lectures. Un ado peut les suivre comme un parcours de dribble. Un enfant y développe son imaginaire. Un adulte les lit parfois comme une simple décoration. Le design actif joue ici avec les perceptions.”

Le résultat est un terrain qui ne s’impose pas, mais qui s’imprègne dans la vie du quartier. Il attire parce qu’il est familier, il invite à bouger parce qu’il intrigue, il se laisse approprier parce qu’il résonne avec l’histoire du lieu.

Théo : “Injecter du rythme, de l’énergie, du mouvement”

De son côté, Théo a conçu une aire de sport complète, où chaque zone appelle à une forme différente de mouvement. Terrain de basket, petit terrain multisports avec buts brésiliens, aire de fitness en plein air et même un espace de danse avec un grand miroir : tout a été pensé pour que les corps s’expriment librement, chacun à sa manière.

“J’ai voulu créer une sorte de crescendo du mouvement. Dès qu’on entre sur l’aire, on est happé. Pas seulement par l’envie de jouer, mais par la diversité des postures et des rythmes que chaque espace propose.”

Il y a une vraie intention scénographique derrière cette aire de sport. Théo ne l’a pas pensée comme une juxtaposition de modules sportifs, mais comme un parcours sensoriel, presque chorégraphique, où chaque zone entraîne vers la suivante avec une intensité croissante.

Je me suis demandé : comment on attire quelqu’un dans l’activité physique sans forcément qu’il ou elle vienne pour ça ? Il fallait donc que l’espace parle avant les équipements. Dès l’entrée, on voit plusieurs pratiques possibles, et surtout plusieurs manières d’être en mouvement

On peut marcher, s’étirer, shooter, danser, se reposer… C’est ça le crescendo dont je parle. On entre souvent timidement, et on se laisse embarquer.”

Ce que révèlent les regards croisés de Mélodie et Théo, c’est que le design actif n’est pas un objet, ni une norme à appliquer. C’est une écriture de l’espace qui engage autant l’architecte que l’usager. Une approche qui mobilise à la fois l’esthétique, la technique, l’émotion, la mémoire du lieu et la diversité des corps.

Espace sportif multizone en plein air conçu par Ludoparc avec équipements de fitness, stretching et terrains multisports, basé sur le design actif.
Terrain de basket extérieur Ludoparc, coloré et ouvert à tous les âges, incarnant les principes du design actif.

Chez Ludoparc, le design actif est une posture de conception : il s’agit de créer des terrains vivants, évolutifs, ouverts à l’interprétation, où chacun peut inventer sa manière de bouger. Ce n’est pas simplement “faire du sport”, c’est donner envie de se mouvoir, naturellement, en osmose avec l’environnement, les autres, et soi-même. Chaque aire devient alors une scène du quotidien, où le mouvement se joue librement tantôt discret, tantôt explosif, mais toujours spontané. Un design qui ne prescrit pas, mais qui provoque l’élan.